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La greffe d'utérus

Début Octobre 2014, la presse relayait un article publié dans la littérature médicale et annonçait la naissance d'un enfant en Suède, après que sa mère a bénéficié d'une greffe d'utérus. La prouesse est de taille, et si elle suscite un espoir immense pour les 3 à 5% de femmes qui souffrent d'une infertilité d'origine utérine, elle comporte des aléas, des risques et suscite des questions éthiques. C'est en Suède que la série la plus importante a été publiée : 9 patientes ont été greffées et dans tous les cas, l'uterus provenait de donneuses vivantes. La majorité des femmes a reçu l'utérus de sa mère, les autres celui d'une femme de son entourage. Deux utérus ont nécrosé et 7 sont restés fonctionnels.

 

En septembre 2014 un enfant est né par césarienne à 31 semaines d'aménorrhée soit un peu moins de 7 mois de grossesse. Sa mère avait été greffée d'un utérus d'une femme de son entourage, âgée de 61 ans, ménopausée depuis plusieurs années et l'enfant avait été conçu par fécondation in vitro avec les ovocytes de sa mère et les spermatozoïdes de son père. La naissance prématurée a été la conséquence de plusieurs facteurs intriqués : une préeclampsie, complication obstétricale bien connue, la FIV, l'âge de l'utérus, le fait que la mère n'avait qu'un seul rein ;  l'ensemble ayant pu être amplifié par le traitement immunosuppresseur. Nul n'aura l'explication, mais l'enfant va bien.

Selon les équipes, la donneuse peut-être vivante ou décédée de mort cérébrale. Dans ce cas, l'utérus est prélevé de la même façon que peut l’être le foie ou le cœur. Le délai entre le prélèvement et la transplantation doit être le plus bref possible. Si le prélèvement d'un utérus sur une femme décédée pose moins de problèmes techniques que lorsque la donneuse est vivante, il ne peut avoir lieu qu'après les prélèvement des autres organes, vitaux.

Dans le cas d'une donneuse vivante, qui a accompli ses projets de grossesse, l'avantage est de connaître ses antécédents médicaux et de maitriser les caractères de compatibilité donneuse-receveuse, meilleur garant du succès de la greffe. L'inconvénient est de faire subir à la donneuse un risque inhérent à toute intervention chirurgicale, et dans le cas précis d'une hystérectomie, un risque spécifique lié à la proximité de l'uretère qui risque d’être lésé. D'ailleurs, un des première transplantation en 2002 en Arabie Saoudite avait fait état de cette complication chez la donneuse.

La receveuse, quant à elle, reçoit après l'intervention un traitement immunosuppresseur au long cours pour éviter un rejet de greffe. Ce traitement est maintenu pendant la durée de la grossesse et génère des risques en particulier infectieux, surtout pour l'enfant.  

Les grossesses des femmes transplantées ont davantage de complications, liées à la pathologie sous-jacente, à la greffe, aux traitements immunosuppresseurs...pouvant laisser craindre des séquelles néonatales liées à la prématurité, aux infections...

 

En théorie, pour éviter de poursuivre ces traitements l’utérus transplanté est retiré après une ou 2 grossesses accomplies. Les complications et la comorbidité pour les 2 femmes impliquées et pour l'enfant ne peuvent être négligés.

Enfin, que penser de la transplantation de l’utérus d'une mère à sa fille ? Si La compatibilité organique est meilleure, la symbolique est pour le moins problématique. Et quelle est alors la place du mari qui conçoit un enfant avec sa femme et l'utérus de sa belle mère ?

Mise à jour : février 2021 

Pour la première fois en France, à l'Hôpital Foch de Suresnes, un bébé est né à la suite d'une greffe d'utérus dont avait bénéficié sa mère. Née sans utérus, la patiente greffée est atteinte du syndrome de Rokitansky (MRKH), une condition qui touche une femme sur 4 500 à la naissance. Félicitations à l'équipe du Professeur Ayoubi et bienvenu à ce bébé né à 33 semaines de grossesse (7 mois et demi). Il paraitrait que la maman parle déjà d'une seconde grossesse. En savoir +

La presse en parle...

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