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La cryoconservation des ovocytes

 

La question de la conservation des ovocytes est récurrentes dans nos consultations de gynécologie. Beaucoup de jeunes femmes âgées d'une trentaine d'années, célibataires pour la plupart, ou en couple mais sans projet immédiat d'enfant, nous interrogent sur ces nouvelles méthodes de préservation de leur fertilité.

 

Les médias ont amplifié le débat après que deux entreprises américaines (Apple et Facebook) ont proposé à leur employées femmes de subventionner la conservation de leurs ovocytes. La fertilité spontanée des femmes décroit de façon marquée à partir de 35 ans, et l'idée est la conservation des ovocytes des ces femmes pour qu'elles puissent envisager une grossesse tardivement avec leurs propres ovocytes malgré les défaillances de la nature. En effet, les spécialistes d'AMP reçoivent trop de patientes de 40 ans ou plus, dont la réserve ovarienne est trop faible pour pouvoir les aider à être enceintes.

 

Si le débat est riche et la recherche pleine de promesses, les resultats sont encore nettement insuffisants et le sujet soulève beaucoup de questions.

 

 

AUTOCONSERVATION DES OVOCYTES

En France, La loi de bioéthique de 2021 à modifié les conditions d'auto conservation: 

Pour les femmes, à partir du 29ème anniversaire et jusqu'au 37ème anniversaire

Pour les hommes du 29ème au 45ème anniversaire

Sans condition d'infertilité

Sans condition de don d'une partie des gamètes à autrui.

Pour recueillir les gamètes d'un femmes, appelées aussi ovocytes ou ovules, la procédure est celle réalisée en vue d'un FIV (fécondation in vitro): la femme reçoit des injections d'hormones dont l'objectif est d'obtenir plusieurs follicules matures (prêts à ovuler).Il sont alors ponctionées par voie vaginale, sous une brève anethésie générale. Les gamètes sont conditionnés dans des paillettes puis conservées dans de l’azote liquide à une température de – 196 °C après congélation ou vitrification.

Les traitements hormonaux et la ponction sont pris en charge par la sécurité sociale. La femme doit en revanche acquitter des frais annuels de conservation, estimés à 40 euros par an.

Conserver ses gamètes ne garantit aucunement le succès de l’AMP ni la naissance d’un enfant, particulièrement l’autoconservation des ovocytes

Les ovocytes congelés pourront être utilisés jusqu'à 44 ans révolus pour la femme. (45ème anniversaire).

Et il faut garder à l'esprit qu'une grossesse concue avec des ovocytes congelés ne pourra être obtenue que par fécondation in vitro!

De nombreux centres ont ouvert depuis le décrêt d'application des cette nouvelle loi de bioethique. Ceux ci sont publics, mais un projet tend à ouvrir de tels centres dans des structures privées pour accroitre le nombre de patientes prises en charge.

Pour obtenir les coordonnées d'un centre près de chez vous: https://www.procreation-medicale.fr/centres-habilites-a-lautoconservation-de-gametes/

le don d'ovocyte, qu'en est il en France ?

 

Plus de 3000 couples ou femmes non mariés sont en attente d'un ovocyte, et le nombre de donneuses est insuffisant : .  En 2021, 920 femmes ont donné leurs ovocytes. (Source : Agence de la Biomédecine) .

Les femmes se tournent alors vers l'étranger, où elles peuvent acheter des ovocytes et où les contraintes subies par la donneuses sont rémunérées.

 

En France le don d'ovocyte est basé sur l’anonymat, la gratuité et le volontariat.

Le recueil d'ovocytes nécessite pour la donneuse de subir un traitement à base d'hormones, puis une ponction ovarienne sous anesthésie générale. Entre le début du traitement et le recueil des follicules, il aura fallu plusieurs échographies et prises de sang pour surveiller la maturation des ovules. Même si, lorsqu'une femme donne ses ovocytes l'assurance maladie prend en charge les frais médicaux, les frais de garde des enfants pendant l'hospitalisation, les interruptions de travail, la procédure ne souffre pas d'improvisation. Elle comporte des contraintes et demande une grande disponibilité, une programmation des examens et des prélèvements. Le don ne se résume pas aux « ovocytes ».

 

Et pour l'homme ?

 

Le don de sperme est facilement réalisé, et un seul donneur peut générer 10 grossesses. Le nombre de donneur reste limité : 235 hommes ont donné leur sperme en 2012 (Source : Agence de la Biomédecine). Depuis 2011 (révision des lois de bioéthique), les donneurs ne doivent plus nécessairement être parents et doivent être âgés de 18 à 37 ans pour les femmes et jusqu'à 45 ans pour les hommes. Le décret d'application n'a toujours pas été signé par le Ministère de la Santé.

A ce jour, aucune étude n'a été publiée, rendant compte du taux de grossesses obtenues après reimplantation d'un ovule congelé, en l'absence de pathologie. Si plusieurs équipes prévoient de publier leurs succès, les résultats escomptés sont une extrapolation des résultats obtenus dans d'autres conditions.

 

Pour le Pr. Belaisch Allart, spécialiste d'AMP, « Il y a deux risques majeurs. D'abord les faux espoirs. Les femmes ne doivent pas croire qu'elles ont un bébé au congélateur. Ce n'est pas un bébé, juste quelques ovocytes. Il en faut 20 à 25 pour espérer une naissance. Le taux de réussite est loin des 100%. On estime qu'avec 8 ovocytes congelés de bonne qualité, la femme peut espérer 60% de naissances. Le deuxième risque est d'encourager les grossesses tardives. C'est pourquoi il faut une limite d'âge. Je la fixerais à 45 ans. »

Attention aux faux espoirs ! Les ovocytes d'une femme à partir de 30 ans ont moins de 25% de chance d'aboutir à une naissance vivante. Ce chiffre décroit avec l'âge. Le déclin du taux de succès de l’AMP s’amorce dès 35 ans et s’accentue à partir de 37 ans. Il faudrait donc réaliser la conservation avant 35 ans pour un maximum d’efficacité. L'âge limite à partir duquel l'autoconservation rendrait illusoire les chances de grossesse n'est pas encore clair.

 

Les risques des grossesses tardives :

 

> Les risques existent pour la mère et l’enfant : ils augmentent dès 40 ans et sont franchement majorés après 45 ans. En effet lorsque l'âge de la mère augmente, les risques de prématurité, d'hypertension, de diabète et surtout de mort maternelle à l'accouchement (il est 10 à 15 fois plus élevé chez les femmes de plus de 45 ans) et de mort fœtale augmente également. 

 

> Se pose aussi la question du financement des traitements d'une part et de la conservation des ovocytes d'autre part. Certains arguent que la possibilité d'avoir accès à ses propres gamètes  éviterait à l’assurance maladie des prises en charge inefficaces de l’infertilité..

 

(maj 04/2024)

 

 

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